Balade avec Brownie

Balade avec Brownie
J’ai rencontré Brownie dans le vague grenier d’un improbable aïeul, abandonné depuis de nombreuses années.
Il m’a tout de suite interpellé avec sa bakélite noire, son regard de cyclope, sa visée de myope.
J’ai demandé à Brownie s’il voulait sortir voir le monde avec moi.
Et comme le dit la réclame: « l’essayer c’est l’adopter».
Et comme ça nous nous sommes promenés.
Et comme ça nous nous sommes appréciés.
J’ai aimé sa simplicité, sa mobilité, sa légèreté, sa rapidité, sa discrétion, sa façon de ne pas se prendre au sérieux, sa capacité d’étonnement et d’incrédulité qu’il suscite chez les autres.
Brownie est un compagnon intuitif, intrépide et spontané qui sait prendre des risques, est capable d’accepter le déchet, une part de hasard, d’apporter de la surprise et donc souvent de la déception et parfois de l’enthousiasme.
Il a du mal avec tout ce qui est fixé par avance, trop organisé, trop attendu.
Bien souvent il ne vise pas, se laisse tenir à bout de bras, en l’air ou en bas, coincé entre trois valises et deux sacs, collé contre une vitre de train ou de camion.
Il me suit dans tous mes déplacements.
On aime le mouvement.
Souvent on s ‘amuse à reléguer le réel au statut de fantasme.
On joue.
On cherche des images sensations qui espèrent débusquer la poésie masquée par le quotidien, la routine, le gris de la vie.
Des images qui sont en phases avec le Manifeste pour l’art sensible créé fictivement
et tacitement avec le peintre Christian Martel.